« La construction de la vie est
pour le moment bien davantage sous l’empire de faits que de convictions. Et, de
faits, en vérité, qui n’ont presque jamais encore et nulle part servi de
fondement à des convictions. Dans ces conditions la véritable activité
littéraire ne peut prétendre à se dérouler dans un cadre littéraire – cela est
au contraire l’expression ordinaire de sa stérilité. L’efficacité littéraire,
pour être notable, ne peut naître que d’un échange rigoureux entre l’action et
l’écriture ; elle doit développer, dans les tracts, les brochures, les
articles de journaux et les affiches, les formes modestes qui correspondent
mieux à son influence dans les communautés actives que le geste universel et
prétentieux du livre. Seul le
langage instantané se révèle efficace et apte à faire face au moment présent.
Les opinions sont à l’appareil géant de la vie sociale ce qu’est l’huile aux
machines ; on ne se met pas devant une turbine pour l’inonder d’huile à
machine. On en verse quelques gouttes sur des rivets et des joints cachés qu’il
faut connaître. »
Walter Benjamin (in ‘Sens unique’ / Ed. Maurice Nadeau / 1978)
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« Il se pourrait que précisément au début de
l’histoire, la première richesse de l’homme ait été la grammaire du mythe. Lui
qui n’avait presque rien à manger est devenu milliardaire du rêve. Inventer le
futur, c’est déjà le préparer. »
« Puissance du faux : il faut parfois produire un
récit imaginaire pour l’opposer au réel, un contretemps ou un printemps de
résistance. Parfois, cette nécessité devient devoir : on a le droit, et
quelquefois le devoir, de nier la réalité. »
« Ces images ramassées aux quatre coins du monde
étaient bien pour toi autant de petits cailloux, chacun sans grande valeur,
mais dont l’accumulation représenterait une espèce de château rêvé, un monde
différent de celui-ci, sans doute meilleur, et pourtant extrait de lui. »
Chris Marker
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« Un des tests de l'imagination serait une attaque par
les mots, par ce simple rapprochement de deux mots : oiseau de feu. Nul
besoin de questions conceptualisées. Inutile d'ajouter : que vous suggère
cette expression ? Le verbe est en branle dès que deux mots, deux grands
mots viennent se heurter. La parole est alors déconditionnée. Elle est libérée. »
Gaston Bachelard
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